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((( blogamoua )))
27 mai 2007

(Film) Les Contes de Terremer (sortie le 04/04/07)

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Résumé : Les aventures du jeune Arren, prince du royaume d'Enlad, qui va s'allier aux forces du grand magicien Epervier, pour rétablir l'équilibre du monde rompu par une sorcière maléfique. Dans le combat qui s'annonce, Arren et Epervier croiseront la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépasseront leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages.

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Les Contes de Terremer marque un évènement dans l'histoire du studio Ghibli. En effet, le film voit arriver un nouveau réalisateur au sein du studio. Après Hayao Miyazaki et Isao Takahata, c'est au tour de Goro Miyazaki, le fils du maître de prendre les rennes d'un long métrage Ghibli. Alors j'entend déjà les mauvaises langues dirent que Goro a put en arriver là grâce à son papounet, que d'autres réalisateurs plus talentueux méritaient cette place, bla bla bla... Il y a peut être une part de vérité dans tout ça mais, il ne faut pas oublier qu'au départ, Goro ne souhaitait pas suivre les traces de son père. Paysagiste de formation, il se glisse dans le monde de l'animation en devenant le directeur du musée Ghibli. Au départ Goro était un simple observateur sur la création du film, mais petit à petit, il a commencé à se passionner pour ce projet, à en construire l’histoire et à dessiner le story board en parallèle. Estimant qu'il est toujours plus urgent de songer à la relève du studio Ghibli, Toshio Suzuki (producteur de tout les films du studio) propose alors à Goro de pendre en charge le projet.
Les Contes de Terremer est l'adaptation d'un roman d'Ursula K. Le Guin. Le film était un projet de longue date chère à Hayao Miyazaki. Il y à 20 ans il avait contacté l'auteur pour lui demander de faire l'adaptation animé d'un de ses romans. Très peu connu à l'époque, Miyazaki se vu refuser l'autorisation. 20 ans plus tard, c'est Ursula K. Le Guin en personne qui contacta le studio pour lui demander de mettre le projet en route!

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Difficile de ne pas placer Les Contes de Terremer parmis les moins bons films du studio Ghibli, étant donné le niveau de qualité du studio. Mais attention, cela ne veut pas dire que le film est mauvais, loin de là. Mais il souffre de l'inévitable comparaison avec l'oeuvre du père. Pourtant il regorge de point positifs. Tout d'abord esthétiquement le film est très réussi, les décors sont magnifiques, remplis de détails et de couleurs châtoyantes, on sent tout la maîtrise des artistes du studio. Bizzarement, l'animation n'est pas aussi bonne que l'on pouvait espérer, les visages prenant parfois de drôles d'expressions, mais il y a tout de même de belles réussites comme l'animation des dragons, très détaillées et pourtant animées de manière exemplaire. Quand on sait que le film à été réalisé en moins de neuf mois (en moyenne il en faut dix-huit), on pardonne aisément les quelques fautes techniques. Graphiquement le style est très proche de celui d'Hayao Miyazaki, en particulier de son deuxième film, Nausicäa de la Vallée du Vent mais également de son manga Shuna no Tabi dont Goro ne se cache pas s'être largement inspiré, puisque le manga de son père est crédité au générique. Pour en finir avec le côté visuel, sachez que le film est très avare en effets numériques (à la grande joie des puristes de l'animation 2D), n'apparaissant qu'en cas d'extrême nécessité et surtout pour gagner du temps (la destruction de la tour à la fin du film aurait pris des semaines à être animé à la main).

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La comparaison avec le père ne s'arrête pas là. Les thèmes abordés sont également très proches des films du maître. Le thème de la lutte contre soi-même, on le retrouve dans Nausicäa de la Vallée du Vent. Ici, Arren fuit constament son "ombre", la partie inconsciente de son esprit bien enfouie derrière sa peur de vivre. Cette fuite provoque un déséquilibre en lui, le conduisant à des accès de violence incontrôlables. Cette instabilité intérieure n’est que le reflet d’un monde troublé, effrayé, refusant sa propre mortalité, et remettant ainsi en cause le principe même du cycle de la vie. La magie n’est donc pas l'interêt principal de l’œuvre de Goro Miyazaki et de l’ouvrage d'Ursula K. Le Guin. Ces deux derniers diffèrent en ce sens largement des sujets habituels de la Fantasy, l’apprentissage de la magie, son utilisation contre les ennemis,… Ici, l’ennemi est intérieur, comme le mal rongeant Aracnéide, comme Therru cachant sa vraie nature, comme Epervier niant ses sentiments pour Tenar, comme Arren refusant l’idée de la mort. Et ce mal, provoquant déséquilibre et aliénation, ne peut trouver de solution que lorsque l’on reconnaît l’existence de son plus grand ennemi en soi et qu’on l’accepte. Le sujet principal du film est donc l’équilibre du monde en général, mais aussi relation entre la lumière et l’ombre en soi. On peut dès lors voir en Terremer, en proie à la folie des hommes, et en Arren, poursuivi par son ombre, des symboles de notre société moderne, cherchant à tout prix à contrôler la nature, la terre et l’espace, au mépris de l’équilibre du monde. Pour retrouver la paix et la stabilité, tant intérieure qu’extérieure, chacun doit accepter sa part d’ombre, mais aussi admettre que l’homme n’est qu’un élément éphémère au sein d’une nature qui le dépasse.

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Les musiques du fim sont très belles, elles ont été composé par Tamiya Terashima (Joe Hisaishi reste donc le compositeur exclusif à Hayao Miyazaki). Le sublime thème principal "chanson de Therru", composition de Hiroko Taniyama, est interprétée par la doubleuse Aoi Teshima. Goro Miyazaki a lui-même écrit les paroles en s’influençant du poème « Cocolo » (le cœur) de Sakutaro Hagiwara, poète décédé, extrêmement célèbre au Japon. Le réalisateur voulait une chanson nostalgique qui puisse toucher l’esprit de tout le monde. Les spectateurs l'ayant découvert à l'occasion de la bande-annonce ont été très touchés par les paroles et la mélodie (évidemment pour nous pauvre français, on se concentrera plus sur la mélodie ^^). Les thèmes musicaux sont nombreux et variés, rappelant à certain moment la bande originale du Seigneur des Anneaux. Ce qui me vient à rappeler l'importance qu'a eu le succés de la trilogie de Peter Jackson sur ce film (et sur beaucoup d'autre depuis 2003). Je ne pense pas qu'une oeuvre comme Les Contes de Terremer aurait été réalisé il y a 10 ans. Tout comme Le Monde de Narnia, Eragon ou encore Le Secret de Terabithia, Les Contes de Terremer, qu'on le veuille ou non, doit en partie sa concrétisation au succés énorme des aventures de Frodon et ses potes au cinéma.

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Les Contes de Terremer s'avère donc être une oeuvre intéressante mais malheuresement pas encore du niveau des oeuvres de Miyazaki père (qui pourra dépasser un jour le maître?), ni même de celles d'Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles, Pompoko, Mes voisins les Yamada). Pour un premier film, Goro Miyazaki s'en sort tout de même plutôt bien, il faut voir maintenant comment évolura le fils à papa à l'avenir.

Note : 13/20

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Commentaires
A
Non je ne pense pas que 13 soit un peu sévère comme note, le film est tout de même très loin des chef-d'oeuvres du studio!
J
Effectivement, c'est presque troublant de voir comme nous avons relevé les mêmes points, jusqu'à la comparaison avec la musique du Seigneur des Anneaux. mais 13 c'est un peu sévère, non? Enfin, je repasserais pour vérifier les côtes suivantes!
S
Trés bonne analyse du film. Tu m'as presque donné envie de le voir.
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